Quand le Marquis de Sade recherchait l’amour

Marginal, débauché, subversif. Les qualificatifs n’ont pas manqué pour caractériser Donatien-Alphonse-François de Sade. Fait rare, son nom de famille donne naissance au substantif « sadisme » qui entre dans le dictionnaire à peine vingt ans après sa mort. Destiné à une carrière militaire, l’homme s’illustre comme capitaine de cavalerie lors de la guerre de Sept Ans contre la Prusse. De ses états de service, on ne connaît que cinq mots, signés de sa hiérarchie, qui en disent beaucoup : « fort dérangé mais fort brave ».

Un article de Philippe Lambert.

À partir de juin 1762, il se retrouve en garnison à Hesdin dans le département du Pas-de-Calais, au sein de la compagnie Royal-Bourgogne. Au cours de l’été, il y tombe amoureux d’une femme, de dix ans son aînée. Le Marquis n’est pas à dix ans près, en plus comme en moins. Ce n’est pas l’avis de son père : « Tout le monde à Hesdin jase sur l’histoire d’amour de mon fils », écrit-il au précepteur du fiston, son oncle l’abbé Jacques-François de Sade.

Marquis de Sade - Quand le Marquis de Sade recherchait l’amour

Donatien s’accroche, se fiance et envoie même un ultimatum à son géniteur, déclarant qu’il est « très déterminé » à épouser l’Hesdinoise. Il ajoute, avec un sens particulier de la relation amoureuse : « Mon cœur pourra me tromper mais son erreur sera si douce que je le préférerai toujours au bonheur le plus parfait ». Convaincu par son colonel de régiment, le duc de Cossé-Brissac (massacré à Versailles en 1792), il renonce finalement à son projet d’union pour une double raison : la jeune fille n’aura que sept mille livres de rente à la mort de ses parents et « n’est pas si jolie ».

L’identité de la donzelle n’est malheureusement pas dévoilée par les biographes de Sade. À la fin de ses jours, interné à l’asile de Charenton, le Marquis se remémorait son passage hesdinois : « Ce fut la nuit du 20 au 21 août 1807 que je réfléchis que de tous temps les comédies m’avaient été funestes. Celles d’Hesdin furent coupées par la mort d’une grand-mère que j’adorais »… la grand-mère paternelle de Sade étant effectivement morte le 16 septembre 1762.

On y apprend ainsi que Sade, quoique militaire, montait en septembre 1762 des pièces de théâtre à Hesdin, peut-être avec sa mystérieuse fiancée. Le spécialiste sadien Jean-Jacques Pauvert soulignait que son parcours d’août 1760 à février 1763 « nous échappait dans sa quasi-totalité », la parenthèse hesdinoise constituant une étonnante exception.

Au Panthéon des écrivains sulfureux, le Marquis de Sade figure en bonne place. Homme de tous les fantasmes, de toutes les perversions, Sade a hanté les rues de la cité de Manon Lescaut pendant plusieurs mois alors… et l’on aimerait tant en savoir plus !

Sources : L’article de Philippe Lambert sur le site de La Voix du Nord / Photos – Collection Yorel

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