N’écoutez jamais votre cœur…

Mardi 17 mai 1763, Eglise Saint-Roch à Paris, dans quelques instants Sade va se marier. Derrière lui, au-dessus de l’entrée principale, les grandes orgues construites dix ans plus tôt par Louis-Alexandre Clicquot ; devant lui, le chœur et sa dalle d’accès à la cave du Clergé ; dans le prolongement, la chapelle de la Vierge et plus loin encore, la chapelle de l’Adoration et celle du Calvaire.

Arrivé au niveau du transept, après avoir remonté la nef, Sade se souvient de la lettre qu’il écrivait à sa sœur le 19 avril de la même année : « Je n’ai pas trouvé la petite laide. elle est fort bien faite, la gorge fort jolie, le bras et la main fort blanche. Rien de choquant, un caractère charmant. » Devant, à quelques mètres, Renée-Pélagie de Montreuil, sa future femme, attend le fier jeune-homme d’un an son cadet.

Marquis de Sade — N’écoutez jamais votre cœur...

Tout est allé très vite, quinze jours auparavant, Sade finit de soigner une vérole en Provence. Là-bas, il espérait encore pouvoir se marier à Laure de Lauris-Castellane. Pourtant, sans lui, le dimanche 1er mai, les deux familles, celle des Montreuil et celle des Sade, se rendirent à Versailles, pour que Louis XV puisse apposer sur le contrat de mariage son royal paraphe, validant alors l’union entre leurs deux familles ; en plus du Roi, signeront également l’acte : le Dauphin, la Dauphine, le duc de Berry, le Comte de Provence, Mesdames filles du Roi, le Prince de Condé, le Prince de Conti et Mademoiselle de Sens.

Le 15 du même mois, disant au revoir à son joli rêve, Sade fini par signer à Paris un contrat de mariage détaillé sur lequel, on ne sait par quelle maudite fatalité, son prénom se trouve, une nouvelle fois, estropié… comme à son baptême.

« Par le contrat de mariage d’entre Louis Donnatien Aldof de Sade, et Mademoiselle Renée-Pélagie Cordier de Montreuil, passé devant Fortier, le 1er Mai 1763, le père et la mère de la Demoiselle ont promis et sont obligés : de loger et nourrir gratuitement, dans leur maison de Paris, dans leurs terres, les futurs époux, avec un valet de Chambre et une femme de Chambre, et ce pendant le temps et l’espace de cinq années consécutives, à compter du jour de la célébration du mariage.

S’il arrivait qu’il ne convint pas aux parties ou l’une d’elles de demeurer ensemble ; en ce cas Monsieur et Madame de Montreuil ont promis et se sont obligés sous la solidarité de payer aux futurs époux la somme de 2000 livres par an à compter du jour de la séparation, jusqu’à l’expiration du délai de 5 années.

Enfin Monsieur et Madame de Montreuil ont promis et se sont obligés sous la même solidarité, après l’expiration de cinq années de nourriture et logement de payer en denier comptant aux futurs époux, par augmentation à la dot de la Demoiselle, la somme de 10 000 livres pour subvenir aux frais de leur ameublement. »

A ce contrat, seront jointes deux feuilles de comptes détaillant les sommes allouées par les Montreuil à Madame de Sade, leur fille.

Sources : Photo – Tessier & Sarrou et Associés

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