En mai, fesse qui il te plaît et libère le geai !

3 mai 1814, Louis XVIII fait son entrée à Paris et s’installe sur un trône que Napoléon vient de quitter. Sade est à Charenton, il ne lui reste que 7 mois à vivre. Il est pensif, comme souvent. Il se dit que le néant ne tardera pas à le rappeler à lui. Il aimerait tant vivre son éternité enterré sous un gland, ce serait génial comme fin… mais sait-il que nul n’exaucera son souhait, pire qu’il finira éparpillé dans l’ossuaire du cimetière de Charenton et que sa tête sera dérobée ?

3 mai 1814, Sade n’est pas encore mort, il se souvient que commençait, il y a quarante-deux ans, à Lacoste en Provence, une série de représentations de pièces de théâtre. A cette époque, Sade était jeune et mangeait la dot de sa femme ainsi que ses revenus. A grand frais, il faisait rénover son Château situé dans ce même village pour donner libre cours à sa passion pour la comédie : 120 places pour un théâtre cela lui semblait raisonnable.

3 mai 1772, en juin Sade aura 32 ans. Vivant sans compter, amoureux de la Provence et visionnaire de génie, le Marquis imagina un programme de vingt-cinq soirées théâtrales pour ce qui sera sans doute le premier « festival de théâtre ». Un « festival » prévu jusqu’au 22 octobre 1772, entre Lacoste et Mazan : il s’agissait alors de jouer des pièces de Voltaire, Destouches, Chamfort, Gresset, Regnard et Sedaine. Pour arriver à ses fins, Sade embaucha des comédiens et envoya des invitations à la noblesse des environs, la priant de venir aux fêtes et aux pièces de théâtre dont il fut le régisseur et le maître de scène.

Sade, en parfait organisateur, remporta un franc succès. L’ensemble des invités le trouva « fort séduisant, d’une élégance extrême, une jolie voix, des talents, beaucoup de philosophie dans l’esprit »… seul l’argent faisait défaut : il s’endetta pour payer ses « folles dépenses » dira Madame de Montreuil, sa belle-mère ; « si sa passion dure, elle l’aura bientôt ruinée. » écrivit l’Abbé de Sade, son oncle !

Marquis de Sade — En mai, fesse qui il te plaît et libère le geai !

Malheureusement, ou heureusement, c’est selon, son aventure théâtrale tourna court : elle sera interrompue le 27 juin par l’affaire de Marseille, celle des pastilles à la Cantharide. Deux jours auparavant, le 25 juin, Sade était à l’hôtel des Treize Cantons de Marseille. Ce soir-là, lors d’une « Soirée de Cythère », Donatien en vint à proposer à ses nombreuses partenaires sexuelles des pastilles soi-disant aphrodisiaques. Au début, cela sembla fonctionner, les filles eurent les fesses qui devinrent rouges, ça cria, ça jouit, puis d’un coup ça vomit, ça tourna et ça fit mal… deux filles se crurent empoisonnées.

Comme la mouche à la base de cet aphrodisiaque, la rumeur enfla et virevolta de bouche en bouche. Mais Sade s’en ficha, il était loin, ayant pris la fuite en direction de l’Italie pour échapper au jugement. La condamnation du parlement de Provence finit par tomber : ce sera la peine de mort pour empoisonnement et sodomie ! Le Marquis étant « absent », se déroulera alors à Aix l’exécution d’un mannequin grandeur nature à l’effigie du coupable qui sera jeté au feu.

3 mai 1814, Sade n’est pas encore mort, cet épisode lui rappelle que son vit est encore vif, qu’un peu d’exercice lui ferait du bien pour profiter encore des plaisirs de la vie… « Qu’on aille me chercher Sensible ! »

Sources : Photo – Anonyme

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