Au hasard Balthazar !

Avignon, 11 janvier 1416, il y a un peu plus de 600 ans. Elzéar de Sade est fier. Il pense à ce qui lui arrive aujourd’hui, à ses enfants, à sa famille… à son père, à son grand-père surtout, chanevacier et marié à la belle Laure.

Laure, celle chantée par Pétrarque, celle dont la beauté se reflète encore dans l’eau de la rivière courant au pied du château du poète. Il est dit qu’au crépuscule de la vie de sa muse, le brave homme aurait courageusement défié le dragon du gouffre situé à cet endroit ; une bête fabuleuse tombée amoureuse de la dame et qui s’était juré d’éradiquer tout prétendant.

Elzéar pense aussi à Dauphine de Venasque, sa femme, celle qui lui a donné il y a quelques années un magnifique petit garçon, Hélie. D’autres enfants suivront, il l’espère, il faut que le nom des Sade perdure. Hélie, un prénom qui dérive du Soleil, une idée de Dauphine qui lui rappelle l’origine de sa famille et de ses armes, du moins celles de sa mère, Catherine des Baux, mais qui rappelle aussi un peu celles de son mari, car les Sade ont également une étoile sur leur blason : « De gueules à la comète à huit pointes d’or » moitié moins que celle des Baux sur champ identique… ce qui la fait bien rire car il est clair que les Sade ont pris modèle sur le blason de sa famille.

Dauphine aime raconter ce que contait Guillaume, son grand-père maternel, à sa mère quand celle-ci était encore une enfant… une histoire épique pleine de légendes, racontant le destin d’un homme soi-disant mage, venu des confins de la Perse à la lumière d’une étoile ; la quête mystique d’un être humain suivant la route des épices, profitant de l’hospitalité d’un couple en Galilée, qui continua ensuite sa route vers l’Ouest pour atterrir en Provence et y semer une graine.

Le climat étant propice, la graine se développa. Devenu arbre, la plante s’enracina et poussa ses branches durant 1400 ans jusqu’à ce jour béni où Elzéar se maria à Dauphine. Il n’en revient toujours pas, lui, simple écuyer, fils de tisserand, marié à une descendante du mage Balthazar !

Marquis de Sade — Au hasard Balthazar !

Aujourd’hui, Elzéar est fier. Fier de sa femme, de sa famille, de ce qu’il a entrepris. Fier car, pour remerciement de ses faits d’armes, l’empereur Sigismond 1er du Saint-Empire, par diplôme impérial, vient de l’autoriser à pouvoir porter sur ses armes, lui et sa famille, l’aigle de son royaume… une aigle bicéphale noire aux ailes éployées.

L’aigle en héraldique évoque l’identité romaine, une aigle à deux têtes représente donc la réunion de deux royaumes romains. De plus, non content de se retrouver un peu partout sur les armes de villes occidentales ou sur les blasons de familles aristocratiques, l’aigle bicéphale symbolise la domination romaine sur l’Est comme sur l’Ouest. Cette aigle éployée aux têtes diadémées, aux becs et aux serres recouvertes du sang des pays conquis a donc une très forte symbolique.

Le 11 janvier 1416, les Sade reçoivent donc le droit de porter l’aigle impériale sur leurs armes. Leurs armes se lisent dorénavant de la façon suivante : « De gueules à la comète à huit pointes d’or chargée d’une aigle impériale éployée de sable. »

C’était il y a tout juste 602 ans.

Sources : Photo

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