Le Vice et la Vertu de Sade

Et si Justine et Juliette étaient la même personne ? Et si la vertu de l’une et le cynisme de l’autre n’étaient que l’envers et l’endroit d’une seule âme ? Tel est le pari du montage de Raphaël Enthoven qui, s’appuyant sur Justine ou les Malheurs de la Vertu et L’Histoire de Juliette ou les Prospérités du Vice, met en dialogue deux visions du monde qui sont aussi deux dispositions du caractère.

Un article des Nuits de Fourvière.

À ces deux figures, il fallait un seul visage qui donnât à la discussion entre le vice et la vertu l’ampleur d’un dialogue intérieur : qui mieux qu’Isabelle Huppert pouvait accomplir une telle performance ? Alternant à l’envi les péripéties et les considérations philosophiques de ces romans picaresques et théoriques à la fois, entremêlant le récit d’orgies atroces et la vaine ferveur des prières, le montage donne au talent d’Isabelle Huppert l’occasion d’incarner simultanément, comme le combat du 
jour et de la nuit, celle qui souffre et celle qui jouit.

Justine est vertueuse, croit en un Dieu qui l’a délaissée, et dispose d’un corps que d’innombrables outrages ne parviennent pas à souiller. Juliette est affreuse – ou joyeuse –, ne croit qu’en son plaisir et constate que, quand on lui ressemble, on est heureux… qui choisir ? Qui préférer ? Faut-il préférer la vertu qui souffre au crime qui paie ? Faut-il haïr un ciel vide ? Et surtout : vaut-il mieux subir l’injustice que la commettre ?

Marquis de Sade - Le Vice et la Vertu de Sade

Isabelle Huppert apportera des réponses à toutes ces questions le lundi 03 juillet 2017 à 22h00, au théâtre romain de Fourvière situé au 6 rue de l’antiquaille à Lyon. Cette lecture de Sade par Huppert à lieu dans le cadre des Nuits de Fourvière qui se déroulent tout les ans au début de l’été.

Théâtre, musique, danse, opéra, cirque… Les Nuits de Fourvière sont dévolues aux arts de la scène et s’attachent, depuis 1946, à faire coexister les disciplines. Chaque été, en juin et juillet, le festival présente près de 60 représentations pour plus de cent trente mille spectateurs. Si la pluridisciplinarité est un critère, elle n’est en rien une règle absolue. Le festival garantit son ouverture et sa modernité en se gardant de normer ou de thématiser. Les Nuits se sont sculptées un projet artistique singulier avec pour seule boussole la qualité artistique des projets et leur inscription sur la scène internationale.

La recherche du site antique fut, longtemps, une des questions centrales de l’archéologie lyonnaise. Pour tenter d’y répondre, Edouard Herriot, alors Maire de Lyon amorce un chantier de fouille en 1933. Contraintes d’arrêter pendant la guerre, les fouilles ressuscitent le Grand Théâtre en 1946. Herriot l’inaugure le 29 juin. À l’issue d’un discours mémorable, on présente Les Perses d’Eschyle par le Groupe de Théâtre Antique de la Sorbonne. Suit ensuite le petit Odéon, qui fait son entrée en scène le 25 juin 1952 avec Les Concertos Brandebourgeois sous la direction de Karl Münchinger.

Faire revivre le site, l’animer en présentant des spectacles est donc, dès le départ, un rêve absolu et une ambition partagée. Personne ne songe alors à appeler festival cette nouvelle rencontre entre la cité et les artistes qui précède d’un an la première semaine d’art d’Avignon. Depuis le festival n’a cessé de réunir chaque été la population autour d’un programme artistique populaire et de renommée internationale.

Le site arbore, en plein coeur de Lyon, deux espaces contigus : le Grand Théâtre (4400 places) et l’Odéon (1200 places)… un endroit parfait pour venir écouter en famille les textes du Marquis de Sade lu par Isabelle Huppert.

Sources : L’article sur le site des Nuits de Fourvière / Photo – Peter Lindbergh

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