Le Vice et la Vertu

Printemps 1944. Justine et Juliette sont deux soeurs aux caractères opposés. La première incarne la vertu, la seconde le vice. Le fiancé de Justine, Jean, est enlevé par les Allemands. Justine supplie Juliette, qui a pour amant un général ennemi, de faire le nécessaire pour qu’il soit libéré. Juliette refuse, mais Jean parvient à s’évader et prend le maquis. Croyant à une intervention du général, Justine s’empresse de remercier l’officier. Le colonel Schondorff, qui a assisté à la scène, profite de la situation pour liquider le général. Tandis que Juliette lie son sort à celui du colonel, Justine est arrêtée et emmenée dans un château du Tyrol pour y assouvir les désirs lubriques des dignitaires du régime…

Un article sur une idée d’Olivier Nicklaus.

S’inspirant de « La Prospérité du Vice » et des « Malheurs de la Vertu » du Marquis de Sade, Roger Vadim situe l’histoire de « Le Vice et la Vertu » dans le cadre tumultueux de la seconde guerre mondiale ; plus exactement durant l’Occupation. Mauvais choix. La critique lui tombe dessus. A sa sortie, le film se prend une bonne volée de bois vert. Il est reproché au réalisateur d’avoir choisi, pour tourner son film, une période sombre de notre histoire… comme si voir déambuler Justine et sa sœur Juliette au milieu de tout ce petit monde nazi était gênant idéologiquement. A ce compte-là, Visconti n’aurait pas dû tourner « Les Damnés » ni Pasolini, « Salò ». Un nazi est un nazi, il n’y a pas de demi-mesure, c’est même l’un des rares personnages « méchants » que l’on situe précisément sur l’échiquier du mal, le choix est donc parfait pour retransposer l’histoire des romans de Sade.

Quant au rapprochement sadisme-nazisme au libertinage sur fond de croix gammées, on n’est pas obligé d’y adhérer, c’est même franchement de mauvais goût, mais de là à dire que c’est malsain, non… on ne va pas commencer à mettre de la morale dans l’érotisme. Avec un peu plus de 50 ans de recul, il semble donc primordiale d’essayer de faire la part des choses en visionnant ce film.

Le problème de Vadim, c’est qu’il a de bonnes intuitions, mais qu’il manque singulièrement de talent. Du coup, on en reste à une illustration très décorative… trop décorative, le kitsch n’est pas loin. Mais ses idées ne sont pas pire qu’un autre réalisateur, il suffit de les imaginer misent en images par Visconti ou Pasolini, pour ne citer qu’eux.

Reste une trouvaille, indéniable celle-là : Donner son premier vrai rôle à Catherine Deneuve. Roger Vadim a toujours eu le chic pour dénicher des héroïnes (Bardot, Fonda), mais là, il se surpasse. Luis Buñuel aurait fait jouer à Catherine Deneuve les deux rôles… à la fois le Vice et la Vertu. Roger Vadim, lui, suggère à l’actrice de se teindre en blonde. Imaginez seulement le visage du cinéma sans une Catherine Deneuve blonde, autrement dit sans Deneuve. Inimaginable, oui. Un vrai de génie. De la vraie mise en scène !

Marquis de Sade — Le Vice et la Vertu

Dans le cadre de l’exposition « Vices et Vertus » qui se tient au TREM.A, au musée Félicien Rops et à l’église Saint-Loup du 18 février au 21 mai prochain, le Secteur Cinéma de la Province de Namur en Belgique vous propose de participer à la projection du film de Roger Vadim librement inspiré de l’univers du Marquis de Sade.

L’événement se déroulera dimanche 7 mai à 11h00 au cinéma Caméo de Namur. Une fois la séance terminée, allez ensuite profiter du reste de l’exposition, en visitant les trois lieux emblématiques de Namur qui proposent des interprétations artistiques des vices et vertus depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Et traversez les siècles à la découverte d’artistes qui ont sondé les instincts humains, des plus vils aux plus vertueux.

« La vertu est le juste milieu entre deux vices », écrit Aristote dans l’Éthique à Nicomaque. Ainsi le courage serait un juste milieu entre la témérité et la lâcheté ; la générosité un juste milieu entre l’avarice et la prodigalité; la tendresse un juste milieu entre l’abstinence et la luxure. La vertu – comme l’art – n’exclut pas les extrêmes mais se dresse à mi-lieu. Ce faisant, elle ne perd pas les vices un seul instant de vue, au contraire, elle les contemple avec une certaine tendresse : ils lui sont si familiers » Caroline Lamarche.

Détails sur le produit
Réalisateur : Roger Vadim
Date de sortie sur les écrans : 1963
Durée : 102 minutes
ASIN: B00EHH7LGS

« Le Vice et la Vertu » réalisé par Roger Vadim est disponible à l’achat sur l’échoppe du site. Pour vous procurer le ou les ouvrages vous intéressant, veuillez vous rendre dans l’échoppe en cliquant sur le titre en question. Si vous ne trouvez pas l’œuvre voulue, cela veut simplement dire que notre partenaire Amazon ne l’a pas, ou plus, en stock ; auquel cas, nous vous conseillons de revenir ultérieurement dans l’échoppe pour vérifier si elle a été achalandée.

Sources : L’article d’Olivier Nicklaus sur Internet / Le site de l’exposition / Photo : Anonyme

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